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NOTRE SÉLECTION DE POÈMES : Lydia PADELLEC

Chant d'amour


De la plus haute montagne
descend un chant d'amour
planant tel un oiseau
dans le bleu safran de l'aube

Il descend lentement
trace des notes légères
du bout des ongles
sur les cordes des arbres

Là-bas tout en bas
à mi-voix lumineuse
Il pose son visage
sur l'épaule nue de l'océan

mai2010
© Lydia PADELLEC (Paris, France)

Le Veilleur


Si aucun bruit
N'habite le caprice d'une étincelle
A la lisière de la nuit
Les rêves froissés par le vent
S'échapperont sur le chemin du hasard
Et quand bien même le mot « lune » menace
De s'effilocher dans la brume
Rien n'est plus grand
Que celui qui veille
En silence
Au sourire
Du poème.

© Lydia PADELLEC (Paris, France)


Femmes d'Haïti


La terre a crié
La terre s'est ouverte
Non pas pour enfanter
Mais pour avaler ses enfants, vos enfants
Ô femmes d'Haïti !

Le ciel azuré de pétales
Ni la mer ridée de vagues
Ne pourront effacer vos larmes

Oh femmes d'Haïti
Le cœur de votre île bat encore
Écoutez le bruissement léger du vent
N'entendez-vous pas
N'entendez-vous pas la voix d'Anacaona
Fleur d'or, Reine Poète qui ne désespère pas
N'entendez-vous pas le chant étincelant
De Lumane Casimir, la fée bienfaisante
Et les rires guerriers de Marie-Jeanne
Bravant les balles de l'ennemi

Femmes d'Haïti
Femmes poème femmes soleil
Femmes mère qui engendrent l'espoir
Vous portez dans votre sein
La voie lactée nourricière de vies

© Lydia PADELLEC (Paris, France)

Poème publié dans l'ouvrage collectif à but
caritatif Pour Haïti (éditions Desnel 2010)





Errer dans les rues
En quête de son identité
Robe rouge tournoyant
Dans le crépuscule
Un graffiti comme une lettre d'amour
Inscrit sur le mur friable
De la mémoire
Rien n'a changé :
L'érable saigne l'automne
Par ses menstrues de feuilles
Et le vent fissure le ciel
Pour y faire entrer la nuit
Rien n'a changé
Sinon toi et tes cheveux blancs.

© Lydia PADELLEC (Paris, France)


Poème sélectionné pour l'exposition
« Couleur femme » en mars 2010 par
la Maison de la Poésie de Saint Quentin-en-Yvelines.




Quelques poèmes extraits d'un recueil inédit « La Maison morcelée »

Le soir, la maison paraît plus vaste de son silence. Plus vide aussi. Les ombres jouent à cache-cache dans ses recoins. Des rires lointains se font entendre. Un écho dans la lumière. La petite fille est morte en même temps que la mésange. Découverte au bas de l'escalier. Les plumes déchirées.

Poème publié
dans la N°17 de
la revue N4728
(janvier 2010)

Des pissenlits dans les cheveux. Une odeur forte d'humus. La terre du géranium blanc se soulève sous le poids des ongles. L'engrais salé n'engraisse pas la plante ni le souvenir. Des pissenlits dans les cheveux et dans l'assiette en plastique. Des pissenlits au goût amer.

© Lydia PADELLEC (Paris, France)


Trois poèmes extraits d'un recueil inédit « La mésange sans tête »

Je ne parle pas
Le vent pousse les nuages
Comme une mauvaise herbe
Je reste seule sur le bord

Je tiens mes rêves
Au creux de l'oreille
Un peu de chair sur la pierre
Et la nuit me semble moins vaste

Je ne parle pas
Je soupçonne le ciel
De vouloir laisser le sillage piquant
D'une mouette sur mes lèvres

© Lydia PADELLEC (Paris, France)


Et un poème dédié à Monico, conteuse originaire du Niger…

La Femme bleue


            A Monico

Seule j'apprends le silence
Etendue sous le baobab des ancêtres            
Des feuilles de patchouli sur les yeux              

Un papillon se pose sur mon sein
Veut butiner mon cœur
Mais mon corps est un galet
D'où ruisselle un sang bleu et salé

Je suis la Femme bleue
Le fleuve qui traverse tes forêts noires
L'oasis suspendu au regard de l'exilé

Mon nom est dans l'eau des femmes

Est-ce l'oiseau qui perce de son cri
Le voile bleu du désert africain ?

C'est la voix du griot
Qui chante dans sa langue
Mes amours disparus.

© Lydia PADELLEC (Paris, France)

Lydia Padellec est née à Paris le 8 juillet 1976.
Après des études de lettres modernes, elle choisit de vivre en poésie.
Publiée dans plusieurs revues depuis 1999 et lauréate de concours de poésie, de nouvelles et d'art, elle anime des ateliers d'écriture et d'art postal.
Elle participe à des lectures publiques avec l'association « les Poètes d'ici ».
En 2001, elle découvre le haïku à travers l'œuvre des grands maîtres japonais.
Publiée dans des anthologies et sur des sites Internet (575, 100% haïku,…), elle a participé en octobre 2008 au 3ème Festival francophone du haïku à Montréal.
Plasticienne, elle aime associer l'écriture aux arts plastiques (collages poétiques), et en particulier le haïku et l'art postal. Elle se passionne également pour la photographie et les livres d'artistes.
Enfin, elle vient de créer en mars 2010, sa maison d'éditions de livres d'artistes : Les éditions de la Lune bleue.
Bibliographie :
anthologies de haïkus :
La lune dans les cheveux (éditions l'Iroli, 2010)
Regards de femmes (coédition AFH-Adage, 2008)
Pixels (éditions vents d'ouest, Canada, 2008)
Livres d'artistes:
Lumières de cendre (éditions « ça presse », 2005)
Foukenn diwan (éditions « ça presse », 2007)
Au fil des ailes (haïku, 2008)
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Poèmes publiés sur le site internet lemanoirdespoetes.fr