LE BAIGNEUR
Il entre lentement.
Il tremble dans la crainte et le désir de l’eau.
Fini le sable, finie la vase. Ses pieds sont dans l’écume.
Il vacille.
Il est saisi par l’eau montée à sa ceinture. Une vague.
Il se décide. Il sait qu’il ira.
Il ouvre ses deux bras, les tend vers le Soleil. Il s’en remet.
Un sursaut : il a déjà plongé.
Dans le bain se reconnaît. L’écume est dans ses mains, traversée par ses doigts.
Il se grandit, il se lance, avance, se soulève ; il saute ; il s’abandonne.
Fort, il se dresse sur les eaux vives.
Il frémit, se secoue ; il chante, il rajeunit.
Entre, ô mon cœur diminué, sans pagne en l’océan.
Retourne à l’élément, batracien inversé.
Bats au rythme unanime de ta mer.
Jette-toi, immerge-toi, et ne crains pas : tu nages en Elena.
François BONFILS
Poitiers, 24 et 25 juin 2019
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